Que dois-je faire juste avant de lancer l’immatriculation ?

Publié le 19 janvier 2021Thème : Conseil, JuridiqueType: questions réponses

Pendant la dernière ligne droite avant l’immatriculation se bousculent énormément de choses à faire et de sujets à penser.

La plupart du temps, l’entrepreneur se lance dans le processus juridique quand la nécessité d’avoir un vecteur juridique se fait sentir (pour pouvoir vendre, acheter ou plus simplement exister vis-à-vis des tiers), et la précipitation est souvent la norme !

C’est pourquoi il semble opportun de lister quelques points d’attention qui peuvent être traités en amont de l’immatriculation de la société qui va porter l’activité du créateur. 3 sujets nous semblent devoir être réfléchis (ou décidés) avant l’immatriculation :

  • l’appréciation de sa propre capacité à devenir entrepreneur ;
  • l’organisation à adopter ;
  • la protection sociale… et le statut juridique (intimement liés !).

L’objet de cet article n’est pas d’apporter des réponses toutes faites aux sujets présentés, mais bien plus de laisser le créateur d’entreprise se les approprier, pour qu’il soit en mesure, dans un second temps, de les confronter avec un conseil, qu’il soit expert- comptable ou coach.

De plus, il ne s’agit pas ici de valider la pertinence ou la faisabilité du projet entrepreneurial. En revanche, une fois le postulat établi selon lequel l’entreprise a capacité à se développer, des sujets plus organisationnels ou personnels se présentent inévitablement.

Enfin, cette liste n’a pas vocation à être exhaustive…

Appréciation de sa propre capacité à devenir entrepreneur

Les questions que doit se poser l’entrepreneur avant de se lancer dans son projet et de rompre les dernières barrières (à savoir l’immatriculation de la société) pourraient être, a minima, les suivantes :

Capacité à vivre dans une zone relative d’inconfort

Au moment où la sécurité du Pôle emploi disparaît (se reporter à la question 97 « L’entrepreneur n’est plus couvert par Pôle emploi : c’est grave docteur ? »), l’entrepreneur devient son propre assureur.

Si son activité a du mal à se développer, que se passe-t-il ?

De même, est-ce que la famille peut vivre avec des revenus modestes pendant la phase de lancement ? Quels sont les engagements financiers à revoir pour permettre cette création d’entreprise ? Et ainsi de sui te.

Aller chercher des clients ?

Suis-je à l’aise pour rencontrer de futurs clients et leur parler argent ?
La question est extrêmement importante, car sans remettre en cause l’intégralité du projet, si la réponse est négative, l’entrepreneur devra s’organiser en fonction et faire appel à des compétences externes spécifiques.

Un des indicateurs de cette difficulté s’apprécie dans le temps précédant le lancement de son entreprise : à vouloir uniquement organiser la fiscalité, à chercher à optimiser à l’euro près un schéma financier prévisionnel et hypothétique par exemple.

Quand on se pose la question « comment faire pour ne pas payer d’impôt lors de la revente de ma société ? », on risque de se tromper de combat !

Être « challengé » ? formé ?

Suis-je prêt à remettre en question mon projet et à entendre des avis éclairés de personnes de confiance (soit parce que faisant partie d’un cercle de confiance amical ou familial, soit par leur compétence avérée) ?

Puis-je entendre et intégrer que Google ne m’a pas permis de tout maîtriser dans le processus et les enjeux entrepreneuriaux, et donc qu’il peut être profitable de me former sur des sujets non seulement liés à la technicité de mon activité, mais également sur des thèmes tels que « la négociation avec les clients », « la gestion administrative de mon entreprise », « qu’est-ce qui me tombe dessus une fois immatriculé », etc. ?

Cette capacité à être ouvert sur une certaine dose de remise en cause de son projet ou de la manière dont il est appréhendé traduit une véritable capacité à devenir entrepreneur et à expérimenter !

Ces sujets peuvent ou doivent être traités par l’entrepreneur au début de la mise en route de son projet entrepreneurial, car ils peuvent se révéler bloquants dans certaines situations.

L’organisation à adopter

Quelle banque ?

Le premier acte juridico-financier au moment de son immatriculation correspond au dépôt du capital social sur un compte bancaire. Il est essentiel de choisir le bon établissement bancaire, au moins pour le lancement de l’activité. Sur ces sujets, on pourra se reporter à la question 79.

La question de l’établissement bancaire peut sembler mineure pour un projet sans paiement sur un site Internet ou sans emprunt.
Toutefois, ne pas négliger, selon les banques, les délais pour obtenir le certificat de dépôt. Donc, une question à gérer bien en amont du jour de l’immatriculation de sa société.

Organiser la gestion de ses frais

Gérer ses frais n’est pas compliqué, mais grandement fastidieux ! Une bonne organisation, identifiée et mise en place avant l’immatriculation, permettra à l’entrepreneur soit d’éviter de perdre beaucoup de temps à se mettre à « faire ses frais » dans l’urgence quand une échéance comptable se présentera (déclaration de TVA par exemple), soit de dépenser des honoraires comptables plus élevés.

En effet, si la comptabilité est traitée par un cabinet comptable, il facturera naturellement le temps de traitement des frais non classés et répertoriés.

Avant de rentrer dans la dernière ligne droite avant l’immatriculation, l’entrepreneur devra choisir un système de gestion (au moins pour classer et ranger ses dépenses). Il pourra même se faire conseiller par un expert-comptable qu’il aura rencontré dans le cadre du premier rendez-vous, gratuit la plupart du temps.

Un expert-comptable sinon rien ?

Précisément l’expert-comptable, en faut-il un ? Si oui, tout de suite ou peut-on attendre ?

Sur la nature de la mission de l’expert-comptable (comment s’en « sert »-on ? quelles sont ses missions ? etc.), le lecteur se reportera aux questions 69 et 71.

Il peut arriver que la présence de l’expert-comptable soit seulement requise à la fin de la première année, en souhaitant limiter le coût de son intervention à la seule revue des éléments comptables déjà enregistrés en interne.

Sur ce sujet également, il est opportun de décider et de s’organiser avant de donner la dernière touche à son immatriculation. En effet, la présence ou non d’un expert-comptable dès le début de de l’aventure entrepreneuriale a des incidences sur l’organisation et la délégation de certaines tâches.

Notons qu’en termes de coût, qu’il soit présent au début de l’exercice ou uniquement à la fin n’a pas d’incidence… car sa mission portera sur les comptes de toute l’année.

Me poser tous les jours la question de mon développement

Lancer son entreprise, communiquer sur son projet et servir ses premiers clients prend énormément de temps. Un entrepreneur rentre, le plus souvent, dans une vie composée d’urgences.

Il devient donc essentiel de conserver du temps pour réfléchir, repenser son développement, le remettre en question… et prospecter vers de nouveaux clients ou marchés.

C’est une dynamique (peut-être même du registre de l’ascèse) qui doit être mise en place au moment du lancement de son activité, pour éviter qu’un unique client ne prenne toute la place !

C’est parfois le cas dans des créations d’entreprises dans le conseil ou les prestations informatiques : un client devient tellement important qu’au moment de l’arrêt de la mission, l’entrepreneur doit démarrer une nouvelle prospection en partant de zéro !

Il est essentiel de conserver du temps pour réfléchir, revoir sa politique commerciale, prospecter, avoir du temps non directement productif, mais dédié au développement futur.

L’expérience montre que c’est au lancement de son entreprise qu’il est nécessaire d’acquérir cette habitude ; ensuite, les urgences deviennent maîtresses de l’agenda de l’entrepreneur !

La protection sociale… et le statut juridique (intimement liés !)

À plusieurs reprises dans cet ouvrage, il est question de l’importance du choix de la protection sociale de l’entrepreneur pour déterminer le statut juridique le plus adapté à sa situation.
Bien évidemment, avant de se lancer, le créateur d’entreprise validera son choix à la fois juridique et social.

Il convient d’ajouter une autre composante : la protection sociale non obligatoire. Il est important de se poser la question de la mutuelle (généralement, on y pense !), mais aussi de la prévoyance.

Que se passe-t-il si l’entrepreneur devient incapable de travailler, invalide… voire décède ? S’agissant d’une cotisation à fonds perdu (si le risque couvert ne survient pas), on peut être tenté de ne pas traiter le point.

Or, selon la situation (présence d’enfants en bas âge ou en scolarité dans la famille par exemple), il nous semble important de traiter le sujet, quitte à le repousser dans un ou deux ans (notamment en cas de portabilité via son ex-employeur).

Rappelons qu’un président de SAS ou de SASU non rémunéré ne peut faire porter de telles cotisations sociales facultatives par sa société. Il est donc nécessaire de prévoir des contrats spécifiques, conclus par des personnes physiques.

En revanche, en SARL, même sans rémunération, un gérant majoritaire peut faire payer des cotisations de mutuelle, de prévoyance et de retraite par capitalisation par sa société (dans la limite de certains plafonds).

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