La crise économique en cours, et dont les effets devraient se poursuivre pendant une durée potentiellement importante, peut nous inciter, entrepreneurs, à adopter une attitude où nous nous recroquevillons sur nos entreprises et nos acquis.
Nous serions même tentés d’utiliser l’argument de la crise pour transformer et altérer les relations professionnelles entre partenaires, clients, fournisseurs, etc.
Quelles sont les entreprises qui traversent cette crise sans grands dommages ?
Il est indéniable qu’un grand nombre de structures sont dans une situation très délicate, voire risquent de devoir déposer le bilan dans les semaines ou mois qui viennent.
Intéressons-nous quelques instants, aux entreprises qui traversent cette crise, sans grands dommages. Il en existe un grand nombre, et de toutes tailles !
Tous les économistes s’accordent pour expliquer que la crise se résorbera par un regain de l’activité économique, même si le calendrier n’est pas défini !
Toutefois, il nous semble essentiel de ne pas perdre de vue qu’à l’échelle de toute structure, même très petite, le choix d’un comportement éthique peut contribuer à améliorer la situation des acteurs économiques dans leur ensemble !
4 lieux de nos quotidiens d’entrepreneurs sont particulièrement sensibles aujourd’hui sur la question du comportement éthique :
Le paiement des fournisseurs
Plusieurs de mes clients, des dirigeants de PME et de TPE, m’ont annoncé que leurs propres clients, le plus souvent de grosses PME ou des grands groupes les avait prévenus que les délais de paiements de leurs factures seraient allongés de manière sensible.
Il peut s’agir d’une question d’organisation ou de désorganisation liée au travail à domicile, aux absences pour s’occuper de ses enfants, ou en cas d’atteinte par le virus.
Mais le plus souvent, il est question « d’utiliser » la crise pour payer avec des délais, d’ailleurs incompatibles avec les dispositions légales.
Impact de l’allongement des délais de paiement
Or, si toutes les entreprises, spécifiquement les plus grandes, donc potentiellement les plus stables adoptent de tels comportement, il n’y aura pas assez de circulation de la trésorerie entre les acteurs économiques. Des effets dominos se produiront et des situations personnelles s’aggraveront.
Le dirigeant d’une TPE qui n’encaisse pas son chiffre d’affaires ne peut plus se rémunérer, à la différence de celui qui ordonne ou décale le paiement des factures de ses fournisseurs.
En ces temps troublés, respecter des délais normaux (voire raccourcis si possible) de paiement de ses fournisseurs contribue à remettre de l’argent dans la machine économique.
Rappelons que le tissu économique français est composé principalement de PME et de TPE !
Ne pas profiter de tout systématiquement
La crainte de l’avenir pour un entrepreneur, même celui qui a créé son entreprise au 20ième siècle, fait partie du quotidien.
Des mesures en place pour les entreprises en difficultés
Le Gouvernement a mis en place un certain nombre de mesures destinées à atténuer le choc liés à l’arrêt ou la forte réduction de l’activité d’un grand nombre d’entreprises.
La tentation, pas toujours légitime, consisterait à bénéficier de ces mesures, même en disposant des ressources et ou de la trésorerie nécessaire.
Des questions peuvent venir à notre esprit comme :
- Une partie des aides reposant sur la variation du chiffre d’affaires entre mars et avril 2019 et respectivement mars et avril 2020, ne serait-il pas opportun de décaler du chiffre d’affaires sur le mois de mai et ainsi profiter des aides financières ?
- j’ai une trésorerie, mais mon chiffre d’affaires de mars est mauvais, …, notamment en raison de la saisonnalité de mon activité : je dois avoir droit à une aide, et même pouvoir décaler le paiement des charges sociales et fiscales.
« Ai-je besoin de profiter de cette aide publique »
Sans chercher à se culpabiliser, une bonne question à se poser serait d’apprécier si le besoin est réel, avec toute l’objectivité dont un dirigeant peut faire preuve, même si en matière de fonds publics, on fait rarement le lien avec notre propre trésorerie ?
Acheter auprès des entreprises locales les plus touchées
Les circuits de consommation évoluent du fait de la crise sanitaire, les transports de denrées sont modifiés, ralentis.
Une nouvelle façon de consommer
Nous avions prévu en mars de déguster de magnifiques fraises en provenance d’un pays lointain. Finalement, ce sera délicat.
Au vu de la situation d’un grand nombre de petites entreprises françaises, notamment dans le domaine agricole ou de biens non achetables pendant la période de confinement, ne pourrais-je pas modifier un peu mes habitudes ?
A titre d’exemple, en tant qu’entrepreneur, les fournitures de bureaux, ne pourraient-elles être achetées dans les structures d’accompagnement et d’insertion sociale, plus que dans telle grande enseigne qui m’offre un paquet de bonbons avec les ramettes de papier ?
Ici également, en qualité d’entrepreneur, je dispose d’une capacité à décider qui peut avoir une incidence réelle et marquée dans le dynamisme de l’économie-post confinement !
Adopter un comportement éthique dans notre univers professionnel, améliore également l’image de nos entreprises
Des dons dans une société ? J’en fait déjà à titre personnel !
La crise sanitaire nous a ouvert les yeux sur des situations familiales dramatiques et des collectes alimentaires et financières ont été organisées par des Mairies et des associations de terrains.
Et si, à partir de la trésorerie de ma société, une fois que j’ai traité la question d’une certaine prudence financière, je me mobilisais pour un don à une structure intervenant dans ces domaines ?
Déductions fiscales
De plus, comme c’est le cas à titre personnel, l’administration fiscale rembourse plus de la moitié du don (60%) !
Tentative de conclusion
Il ne s’agit pas dans cette approche, surement loin d’être exhaustive, de stigmatiser des comportements ou des choix.
Bien plus, la question est celle du recul, de la prise de distance par rapport aux événements et à notre rôle d’entrepreneurs dans le fonctionnement d’une cité et d’une économie.
De plus, adopter un comportement éthique dans notre univers professionnel, améliore également l’image de nos entreprises, alors pourquoi s’en priver ?
Article écrit par Frédéric Turbat.
Expert-comptable, commissaire aux comptes et fondateur de La Maison de l’Entrepreneur
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