Toute entreprise nécessite un minimum de fonds, que ce soit en démarrage d’activité ou en phase de développement. Les banques restent le choix privilégié pour obtenir un financement. Nous avons rencontré Jacques Giron, directeur des partenariats professionnels à la Bred, qui nous a expliqué comment convaincre un banquier de financer un projet.
Quel est le rôle de la banque ?
La banque reçoit le porteur de projet et s’intéresse à deux points :
- Le créateur lui-même : sa formation et son expérience sont-elles en adéquation avec son projet ? Quelle est sa situation financière ?
- Le business plan : quel est le produit, la clientèle, la concurrence ? Comment le porteur de projet va-t-il toucher sa clientèle ? A-t-il déjà un carnet de commandes et des fournisseurs ?
Le business plan est donc essentiel. Le résultat chiffré final n’a d’intérêt que s’il est crédible et cohérent.
On ne cherche pas à savoir si le compte d’exploitation prévisionnel sera réalisé au centime près. Ce document doit servir d’objectif pour voir d’une part si les charges sont équilibrées et si le porteur de projet fait face aux charges de remboursement, et d’autre part pour vérifier la crédibilité du projet.
Découvrez nos formations pour réaliser la partie financière de votre Business Plan !
Quels types de financements peut proposer une banque à un entrepreneur ?
La banque peut tout financer, mais elle cherche à savoir comment elle sera remboursée. On peut financer le fonds de commerce, le matériel, les équipements… En somme, l’outil de travail de l’entrepreneur.
Il y a deux types de financement : le prêt classique ou le crédit-bail. La différence entre les deux est essentiellement juridique :
- Avec le crédit-bail, le prêteur reste propriétaire du bien financier.
- Avec le crédit classique, l’entreprise devient propriétaire.
Le crédit-bail ne peut donc financer que du matériel.
Par exemple, si vous avez un projet de 200 000 euros, vous avez un droit d’entrée de 50 000 euros, 50 000 euros de travaux et 100 000 euros de matériel. Ainsi, il peut y avoir deux types de financements : pour le droit d’entrée et les travaux, il s’agit d’un prêt classique ; pour le matériel, on peut faire un crédit-bail. L’avantage du crédit-bail est que la TVA est récupérable et on peut faire un financement à 100 %, alors que pour un crédit classique, un apport personnel est demandé.
Quel type de projet est adapté à un financement par les banques ?
Tout type d’activité. Lorsque un entrepreneur s’installe, il a besoin d’un outil de travail, composé d’éléments corporels (matériel) ou incorporels (droit au bail, par exemple). La banque peut se positionner sur ces différents aspects, pour des activités traditionnelles de type commerciales, prestation de services, etc.
Quelle part du financement peut-on espérer de la part d’une banque ?
Sur du crédit classique, pas plus de 80%. La banque ne peut pas prendre la totalité du risque. Dans les 20% d’apport personnel, il peut y avoir l’appel à un prêt d’honneur ou une plateforme d’initiative.
Même s’il y a plus d’apport personnel, une banque peut apporter 80% du financement initial, l’apport personnel restant servira au financement de la trésorerie et sera un élément de réassurance supplémentaire.
Il est d’ailleurs très important de prévoir les besoins de trésorerie dans le plan de financement.
L’accompagnement pendant les premières années est essentiel également, car les projets accompagnés réussissent bien mieux à 5 ans.
C’est donc aussi un point qui nous intéresse : le porteur de projet doit être à l’écoute.
Quelles sont les bonnes questions à se poser lorsque la banque refuse de financer ?
Il faut s’assurer de la cohérence et de la crédibilité du projet, et avoir les réponses aux questions du banquier.
Dans le cas d’un refus, il y a également des éléments de marché qui peuvent dissuader la banque à financer : actualité politique, économique, juridique, secteur d’activité, environnement …
Il y a aussi un côté subjectif.
On n’obtient pas forcément le financement auprès de la première banque à laquelle on s’adresse.
A la deuxième ou à la troisième fois, le créateur peut retravailler les questions du banquier, repenser un peu son projet… Il est mieux préparé et maîtrise mieux son discours.
Ces expériences doivent servir comme un outil de validation du projet.
85% des créateurs d’entreprise trouvent un financement, selon l’APCE*, donc le financement de la création d’entreprise se fait, mais pas nécessairement du premier coup. Un dialogue s’établit avec le banquier, qui a une obligation de conseil, et il est possible que le projet final soit un peu différent du projet initial.
Source : Enquête financement de la création d’entreprise : qui, quoi, comment ?
Vers qui se tourner quand la banque ne finance pas ?
S’il manque un financement, le créateur d’entreprise peut bénéficier d’un certain nombre d’outils, de soutiens qui complètent le financement bancaire.
Il y a par exemple le département, des plateformes d’initiative locale du type Réseau Entreprendre, …
Si jamais le plan de financement nécessite d’être renforcé, ces structures d’accompagnement peuvent aider.