Audit du patrimoine et des actifs

Publié le 27 janvier 2021Thème : Reprise d'entreprise, FinanceType: questions réponses

Les créances sur les clients

Les créances clients figurant dans le bilan, à l’actif, sont susceptibles de donner des informations importantes sur la vie de l’entreprise :

  • Le montant de trésorerie destiné à entrer sur les comptes bancaires de l’entreprise, dans un délai relativement bref,
  • Les éventuelles difficultés de gestion de l’activité et des créances clients,
  • Les délais de paiements moyens

L’audit d’acquisition veillera à vérifier que les principes comptables et les positions prudentielles soient correctement respectés.

Dans un bilan, le montant des soldes clients intègre la TVA. Pour connaître le montant net revenant à la société, quand tous les clients figurant à la date de clôture des comptes auront payé, il faut diviser par 1,2 si l’activité est soumise à une TVA de 20 %.

A la lecture de ces chiffres, les informations suivantes peuvent être analysées :

Volume des créances clients

Le volume des créances clients : le montant important (ou non) est rapporté au chiffre d’affaires annuels. A priori, un volume important de créances non soldées à la date de clôture est anormal, sauf situation d’activités saisonnières ou d’une facturation très importante réalisée peu de temps avant la clôture des comptes.

Dans ce cas, l’acquéreur doit analyser la situation en détail et se poser les questions suivantes :

  • est-ce que les clients concernés vont bien honorer leurs créances ?
  • S’agit-il d’un client essentiel vu son poids dans le chiffre d’affaires de la société ? En fonction de la réponse, l’opportunité d’achat de la société peut être renforcé… ou non !

Par ailleurs, le montant des créances sur les clients doit être rapporté au chiffre d’affaires afin d’apprécier le délai moyen d’encaissement du chiffre d’affaire facturé.

La formule de calcul est la suivante :

(Total du poste « Créances clients » x 360 /(1,2 x chiffre d’affaires HT)

Le résultat est en nombre de jours et permettra de porter un jugement sur la trésorerie de l’entreprise, et de le rapporter aux habitudes du secteur d’activité de la cible.

Le repreneur utilise cette donnée pour finaliser son plan de trésorerie, qui intègre le chiffre d’affaires facturés, en y ajoutant une notion de calendrier (délai de paiement par rapport à l’émission de la facture).

Existe-t-il des provisions ?

Si le dirigeant de l’entreprise estime que parmi les créances qu’il détient sur ses clients, certaines présentent des risques d’irrecouvrabilité, il doit (principe comptable de prudence) considérer que ces créances n’ont plus de valeur et les inscrire dans un poste nommé « provision pour dépréciation ». Le résultat de l’année considéré est abaissé du montant des provisions constatées sur l’exercice.

Il convient d’analyser plusieurs points :

  • L’existence de provisions : selon les activités, l’absence de provisions pour dépréciation peut être étonnante et il s’agira lors de l’audit d’acquisition de vérifier ce point précisément.
  • De même, un montant significatif de provisions doit alerter sur la politique de facturation de la société ou la qualité des produits ou services rendus. Il faut également analyser les éventuels litiges avec des clients !
  • La variation des provisions pour dépréciation des comptes clients d’une année sur l’autre, doit également être appréciée : le cédant peut être tenté dans l’espoir d’augmenter le résultat du dernier exercice (et donc peut-être la valorisation), de réduire le montant des provisions sur ses comptes clients. Dans ce cas, il doit être en mesure de noter que le risque d’irrecouvrabilité identifié l’année précédente n’existe plus, ou que les clients « risqués » l’année dernière ont réglé leur créance sur l’exercice.

Diligences  à mener dans le cadre de l’audit d’acquisition

Le principal risque en matière de « créances clients » réside dans la non réalité de ces créances : le client ne paiera jamais ou la créance est « fictive ».

Il conviendra, à minima, de travailler sur les points suivants :

  • Vérifier que les créances clients à la clôture font l’objet d’un règlement sur les premiers mois de l’exercice suivant,
  • Contrôler sur les premiers mois de l’exercice suivant s’il n’y a pas d’avoir importants qui sont émis par la société cible, voire de passage en pertes de créances figurant dans les comptes audités et servant de base à la détermination du résultat de l’exercice (et donc surement dans la valorisation de l’entreprise).
  • Apprécier la « granulométrie » des clients : l’activité est-elle réalisée avec un grand nombre de petits clients ou à partir de quelques clients essentiels pour la vie de l’entreprise. Il s’agit là surtout de recueillir des données importantes pour la suite (valorisation et transfert d’informations, présentation de la clientèle à l’acquéreur, etc.)

En effet, la valorisation d’une société dans un projet de transmission est différente si le chiffre d’affaires est composé de quelques clients importants et pour lesquels la relation avec le cédant est ancienne et proche, ou s’il y a un grand nombre de clients avec un panier moyen faible.

Les stocks

Un auditeur n’hésite pas à affirmer « un euro de stocks, c’est un euro de résultat ».

Prenons l’exemple d’une entreprise de distribution de boites de chocolats qui achète 100 boites à 2 € chacune, le vendredi 31 décembre, dernier jour de son exercice financier.

Si elle vend ces 100 boites deux mois plus tard, le résultat de l’exercice au cours duquel elles ont été achetées n’évoluera pas suite à cet achat. Plus précisément, il se passe deux choses en comptabilité :

Le vendredi matin : achat et livraison des 100 boites. La société constate un achat de 200 €, donc le résultat de la société baisse de 200 €.

Le vendredi soir, dernier jour de l’exercice, il est procédé au comptage du nombre de boites de chocolat qui n’ont pas encore été vendues. Il en reste 100 à 2€ de coût d’achat : On annule donc la dépense et les 200 € du vendredi matin sont reclassés en stock.

Potentiellement, toute entreprise a des stocks à gérer, y compris une société qui vend des prestations de services.

Quand il est question de stocks, on pense le plus souvent à des quantités physiques et visibles et donc justifiables à l’œil nu. Une société qui vend des prestations sous forme de temps de collaborateurs pour produire un service précis, est conduite à évaluer des stocks à la date de clôture de ses comptes. Ce ne seront pas des boites à compter et à ranger, mais du temps, qui a été presté partiellement et qui doit être considéré comme un élément constitutif d’un stock de produits en cours.

Prenons l’exemple d’une mission d’accompagnement et de formation de cadres qui se déroule sur 20 jours, 5 jours en juin et les 15 jours restant étant prester en juillet et septembre. La société clôture ses comptes au 30 juin de l’année et il est prévu de facturer le client à la fin de mission, soit en septembre. Une des solutions comptables (et fiscales surtout) pour traiter cette situation est de considérer qu’elle a produit un « en cours de services », qui devra être valorisé, à minima, sur la base du coûts salariaux soit les salaires bruts et  les charges sociales des personnes qui ont participé à cette mission, évalués pour les 5 jours vendus et réalisés sur le mois de juin.

Dans la société cible qui constate à l’actif de son bilan annuel qu’elle a des stocks (produits finis, marchandises pour une entreprise de distribution, produits ou services en cours, c’est à dire non terminés), les risques tiennent :

  • A la valorisation : quels sont les coûts qui entrent dans l’évaluation des stocks ?
  • Aux quantités : quelles sont les procédures d’inventaire physique des stocks ou de suivi.

Contrôle de la valorisation :

La composition du prix destiné à valoriser les éléments de stocks est à auditer.

Société de distribution :

Pour une société de distribution de marchandises achetées à des tiers, le coût d’achat servant à valoriser les stocks est assez simple et incontestable : le prix d’achat figurant sur les factures du fournisseur, souvent augmenté de quelques pourcentages pour tenir compte des frais d’entrepôt, de gardiennage, etc.

Elaboration de produits finis :

Pour les plus importantes références, il n’y aura pas d’autres moyens de que vérifier par sondages (tests sur quelques éléments), la valorisation unitaire des produits entrant dans la composition du produit terminé. Dans certaines situations, cette procédure d’audit est particulièrement complexe et longue à mettre en œuvre.

Suivi physique des stocks

Toute société qui gère et suit administrativement des stocks doit avoir mis en place des procédures de suivi des quantités physiques, tout au long de l’année, mais également en fin d’année : les procédures d’inventaires physiques.

Dans la situation particulière d’une reprise, l’auditeur se fait communiquer la procédure d’inventaire physique à la clôture et il est très souvent procédé à un inventaire physique contradictoire le jour de la réalisation définitive de la cession des titres.

L’absence éventuelle d’une procédure de suivi physique des stocks constitue une information intéressante pour l’acquéreur :

  • Il lui sera surement nécessaire, après l’acquisition, d’en définir une et de la mettre en place (en prêtant attention à ne pas forcément révolutionner les habitudes internes), en plus de l’inventaire contradictoire à faire absolument le jour de la signature,
  • Les quantités valorisées dans les comptes sont-elles fiables ?

Contrôle par la marge :

Une des procédures d’audit visant à identifier un élément potentiellement anormal consiste à évaluer l’évolution des marges brutes de l’entreprise. Rappelons qu’une marge brute se calcule de la manière suivante :

+ Chiffre d’affaires – Achats +/-variation de stock
Marge brute

Le taux de marge brute correspond au rapport entre la marge brute obtenue et le chiffre d’affaires.

Si le taux de marge brute évolue de manière significative et erratique, les causes peuvent être multiples :

  • Progression ou réduction du taux, par des modifications structurelles dans les prix d’achats ou les prix de vente des produits ou des services. Cette information est vérifiable auprès du cédant et des achats.
  • Mauvaise gestion des stocks, ayant des conséquences sur la valorisation en fin d’année (l’erreur peut provenir des quantités ou de la valorisation unitaire des références en stock).

La trésorerie

La revue de la fonction et des comptes de trésorerie permet, comme toute procédure d’audit, de valider les comptes, mais également d’apprécier les procédures de contrôle interne.

Dans un certain nombre de PME et de TPE, les fonctions financières sont gérées directement et uniquement par le dirigeant, et futur cédant. Ainsi, il est parfois délicat de procéder à ces contrôles. Il est préférable de confier cette tâche à l’expert-comptable, qui prendra surement connaissance des travaux de vérifications établis par son confrère en place dans le cadre d’une mission de suivi comptable.

Revue des comptes

L’audit des comptes de trésorerie vise surtout à vérifier les soldes bancaires et à s’assurer qu’il n’y a pas d’anomalies dans les écritures comptables.

En ce sens, il convient de vérifier l’existence et le détail des rapprochements bancaires.

Contrôle des rapprochements bancaires

Le rapprochement bancaire vise à rapprocher les sommes issus de la comptabilité des soldes des relevés bancaires de chaque compte. Ainsi, une opération financière (apparaissant dans les relevés bancaires), mais n’étant pas comptabilisée est identifiée et chiffrée précisément.

Il peut s’agir :

-d’une erreur comptable : une opération non comptabilisée peut être synonyme d’une omission d’écriture comptable générant potentiellement une charge, donc une incidence sur le résultat,

– d’une anomalie voire d’une malversation : un paiement a été réalisé, mais n’a pas été comptabilisé, car non autorisé !

Il importe de vérifier dans ces états de rapprochements s’il n’existe pas d’anciennes opérations, qui n’auraient pas donné lieu à comptabilisation ou qui ne seraient pas dénouées financièrement.

Analyse des soldes et des flux

La revue des comptes de trésorerie enseigne sur les habitudes de l’entreprise en matière de paiement des fournisseurs et des dettes. Elle révèle également les éventuelles difficultés ou « trou » de trésorerie, qui n’apparaissent pas quand seuls les comptes annuels sont audités.

Demander et analyser les variations de soldes mensuels de l’ensemble des comptes de l’entreprise donne une image intéressante au moment de travailler sur le business plan.

Procédures de gestion de la trésorerie

Auditer une fonction trésorerie permet d’apprécier la qualité des procédures en place en matière de décaissements et d’encaissements.

Il importe de connaitre précisément :

  • Qui a la signature bancaire et pour quels plafonds, notamment si la signature a été donnée à d’autres personnes que le dirigeant,
  • Qui a autorité pour procéder à des virements sur internet,
  • Quelle personne comptabilise les opérations financières,
  • Est-ce la même personne qui comptabilise les opérations de décaissements et d’encaissements et qui s’occupe de préparer les virements, les chèques et les remises en banques,
  • Etc.

L’absence de procédures de contrôle interne (par exemple : la même personne s’occupe de préparer les décaissements et les comptabilise), contraint le futur acquéreur à prévoir une organisation différente, éventuellement génératrice de coûts supplémentaires.

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